À toi, le gars affalé sur un banc avec une bouteille de bière à la main, qui m’a sifflé et hélé comme si j’étais un chien quand je suis passée devant toi.
À vous, le groupe d’amis installés à bavarder bruyamment, qui vous êtes tu, mis à ricaner et à me lancer vos regards insistants.
À vous aussi, le trio qui sirotait un verre à une terrasse, puis qui a changé spontanément de langue pour discuter. Vous qui vous êtes mis à rire et à me fixer d’un air intéressé.
À toi, l’inconnu qui a subitement commencé à marcher à mes côtés en me répétant avec un sourire en coin qui en disait long sur tes pensées « eh salut, tu vas bien ? Ça va ? ». Tu as persisté à vouloir m’aborder et il a fallu que je réplique sèchement « Je n’ai pas envie de te parler. Fous moi la paix. » pour que tu me laisses enfin respirer.
À vous tous que j’ai croisés durant la même journée, je devine la cause de votre comportement mais un élément important vous a surement échappé. C’est l’été. Nous sommes en période de canicule. Il fait 37 degrés. À quoi vous attendez-vous de ma part ? Que je sorte en doudoune, pantalon épais et bottes pour me camoufler ?
Non, messieurs ! Il fait chaud et donc, la légèreté de ma tenue n’indique en rien mon envie de faire de nouvelles rencontres (et je m’efforce de rester soft dans mes propos). C’est l’été et, oui, je porte un short et un dos nu. Qu’y a-t-il d’indécent dans cela ? En quoi est-ce un appel à se faire héler comme un chien ou bien aborder alors qu’on ne vous a pas parlé ?
J’avoue que tout ça me dépasse. Les temps changent et les mentalités sont censées évoluer, mais je trouve que pour beaucoup d’entre vous, vos facultés de réflexion sont restées bloquées à une époque arriérée. Quand apprendrez-vous à penser avec l’organe dans votre crâne et non ce logé dans votre caleçon qui éveille votre « fierté » ?
En tout cas, sachez que je ne me laisserai pas intimidée. Pour quelle raison devrais-je changer ma façon de m’habiller pour me sentir en sécurité ? Le devise de notre pays n’est-elle pas « Liberté, Egalité, Fraternité » ? Ah, mais oui, certainement l’aviez-vous oubliée…
Eh bien, chers messieurs, ne lisez en mes mots qu’un simple rappel. Nous ne possédons certes pas le même appareil génital, mais tout comme vous, je suis libre de porter un short et un t-shirt quand il fait chaud, et ce sans me faire importuner par des lourdauds. Si vous persistez à y interpréter une forme d’appel dans ma tenue vestimentaire, c’est qu’il est temps d’aller consulter.
Laurelia Ciange